Nouveaux financements : Yoook, Ulule, Kachingle, Flattr et les autres…

J’ai eu la chance d’assister à une table ronde sur les nouveaux modes de financement à l’ère du numérique ce dimanche à Paris et le moins que l’on puisse dire c’est que c’était très intéressant – donc je vous fait un petit compte-rendu des projets qui m’ont plu en passant sur ceux qui m’ont moins enthousiasmé voire carrément dérangé…

Des projets que j’ai décidé de vous présenter deux sont dédiés au financement de la création à priori et deux à la rémunération de la création sur la base du volontariat par l’intégration de widgets sur les sites des éditeurs. Je ne vais pas vous présenter en détail chacun des projets (je sors quand même 6h30 de tables rondes qui m’ont un peu mis à genoux) mais revenir sur les points les plus intéressants des projets en question.

Yoook

Yooook travaille directement avec les artistes : il leur permet de gérer l’hébergement, la production, la diffusion et la monétisation de leur contenu. Jusque là rien de bien original mais c’est en une phrase de son créateur que l’on résume le mieux l’idée : « ne peut être gratuit que ce qui a déjà été payé ».

En effet la production de contenu artistique a un coût et doit aussi générer des marges si l’on veut que le domaine de la création reste attractif.

Yooook propose donc un modèle intéressant sur la base de plafonds de rémunération et de volontariat. Une partie du contenu est gratuit dès le début, une partie payante. Une fois un certain plafond atteint par le paiement lié au contenu payant ou par un système de dons directs, d’autres contenus gratuits sont déverrouillés pour tous. Enfin, passé un certain plafond l’oeuvre peut éventuellement passer dans le domaine du libre intégralement et sous une licence creative commons (obligatoire mais en laissant l’auteur fixer le palier en question).

Les contenus en question (gratuits ou non), les plafonds et les prix sont fixés par l’artiste et Yoook prend une commission de 6% à 20% (en fonction du type de financement et parmi lesquels il faut compter les frais de fonctionnement – Cette commission devrait bientôt baisser considérablement).

Ulule

Ulule permet à un porteur de projet de trouver des financements nécessaires à la réalisation dudit projet. Il ne s’agit pas pour les contributeurs de devenir des actionnaires du projet mais d’aider des idées à voir le jour. Accessoirement, les contributeurs au projet constitueront une première base de clients potentiels / de fans pour le projet une fois que celui-ci aura vu le jour.

Le coût total (la somme à collecter) est déterminé et fixé par son créateur et les contributeurs ne sont débités qu’une fois la somme atteinte en promesse de contributions. Le porteur de projet peut enfin fixer des seuils de contreparties qui donneront aux contributeurs le droit à des avantages définis par le créateur (je n’ai pu m’empêcher de penser à myDorcel à l’évocation de ce principe :P).

Point important :le service est entièrement gratuit et le business model est donc très simple : Ulule ne gagne pas d’argent avec son site – tout est gagné avec Vox.ulule, une plateforme d’aide à la création ainsi que par un accompagnement premium à des porteurs de projets souhaitant en bénéficier.

Kachingle

Kachingle est une start-up américaine qui tire son nom du bruit que font les machines à sous… Personnellement moi j’entends le mot kachinga mais ce n’est pas grave ^^

Le système permet aux éditeurs de sites internet, par le placement d’un widget sur leur site, de donner l’opportunité à leurs lecteurs de montrer leur attachement au contenu du site. Les visiteurs eux payent un forfait de $5 par mois qui sera reversé au prorata du nombre de pages vues par mois et par site apprécié (kachinglé).

Le widget permet aux visiteurs, inscrits ou non, de voir qui aime quoi, et aux inscrits de manifester leur intérêt pour le contenu donc… Bien sûr il est possible de désactiver l’affichage de son nom dans le listing des kachinglers tout en continuant de rémunérer l’éditeur.

Kachingle est assez répandu dans les pays germaniques et aux etat-unis et vient d’accueillir ses premiers membres et sites français.

Sur les $5 mensuels, $4.25 sont reversés aux éditeurs, le reste étant utilisé pour faire vivre le site et payer Paypal.

Flattr

Ai-je encore besoin de présenter Flattr dans ces colonnes ? Je n’ai rien appris de nouveau à leur propos et vous renvoie donc sur ces deux billets : Présentation et intégration de FlattrAjout de Flattr comments sur mon blog.

J’ai eu le temps de rapidement présenter överallt à Peter Sünde (avant qu’il ne doive se sauver vers l’aéroport pour attraper son vol) qui avait l’air enthousiasmé par l’idée… Et ça ça fait plaisir ! 🙂

En bref

En dehors d’une offre que j’ai trouvé à la limite de l’hypocrisie et que je ne citerai donc pas ici, ce qu’il faut retenir c’est que les solutions alternatives se développent à la vitesse grand V, qu’elles proposent toutes des idées intéressantes et qu’il serait dommage, si ce n’est de les adopter, de passer à côté d’un message de fond que tous les « pirates » matraquent depuis des années (DADVSI si tu m’entends, c’est de ta faute tout ça ;)) : le modèle actuel de distribution et de financement de la création (et plus particulièrement de la culture) est à l’agonie et a un sévère besoin de remplacement… Bonne nouvelle : les solutions existent maintenant, il ne reste plus qu’à achever le mourant !

A part ça ce fut l’occasion de rencontrer de discuter avec des gens dont je partage les idées et que, pour certains, je suis depuis un certain temps déjà… Merci donc à eux d’avoir pris du temps sur leur dimanche pour instruire les foules et les journaleux !

8 réflexions sur « Nouveaux financements : Yoook, Ulule, Kachingle, Flattr et les autres… »

  1. Yves Huin

    Vous dites que « Kachingle est assez répandu en Europe de l’est ». Il s’agit en fait des pays germaniques (Allemagne, Autriche et Suisse alemanique). Merci de bien vouloir faire la correction.

  2. Paul Auteur de l’article

    Voilà qui est fait – désolé pour la coquille : en plus de 6h d’informations toutes plus intéressantes les unes que les autres on finit par se tromper dans ses notes.

    Merci encore pour votre présence et pour le concept de Kachingle que j’aime beaucoup.

  3. La Moule

    Les concepts de Flattr et Kachingle sont très proches. La bataille risque de faire rage!
    Cependant, j’ai l’impression que Flattr est plus ouvert, et permet une plus grande variété de contenus. Pour ma part, je m’en sers pour des créations de type BD et illustrations. Je n’ai pas l’impression que Kachingle pourrait répondre à mes attentes. Ou peut-être ai-je mal compris?

    Merci en tout cas pour cette (courte) présentation, qui si elle n’entre pas suffisamment dans le détail à mon gout, permet aux curieux de savoir où aller chercher les informations dont ils ont besoin 😉

  4. Paul Auteur de l’article

    Les deux sont complémentaires à mon avis : Kachingle s’adapte plus aux éditeurs de contenus réguliers type bloggers pros et acteurs de la presse alors que Flattr me semble plus adapté à financer tout type de contenu.

    L’idéal serait que les deux plateformes s’entendent sur un moyen de faire communiquer les deux systèmes afin qu’un utilisateur Flattr puisse cliquer sur du contenu Kachingle et vice-versa. Le tout afin d’éviter de surcharger les sites de widgets en devant installer les deux…

    Pour ce qui est de ne pas assez rentrer en détail j’en suis bien conscient, mais déjà comme ça je suis sûr que la longueur de l’article va décourager une bonne partie des lecteurs – peut-être que j’aurai le courage de revenir plus en détail sur chacun des projets séparément : on m’a donné accès à la beta d’Ulule hier soir par exemple 🙂

  5. Camille Harang

    Salut et bravo pour ce billet. Quelques précisions au sujet de yooook, la plate-forme n’utilise pas PayPal, ce qui permettra bientôt de modifier la politique de paiement pour baisser les pourcentages de yooook de 6% à 2% pour les dons et 20% à 5% pour les créations. En ce qui concerne la publication et les licences, il est obligatoire qu’au final chaque création soit intégralement accessible à tous et sous une licence « libre » (au minium CC-NC-ND), mais comme c’est l’auteur qui fixe le prix si c’est excessif ça peut ne pas arriver. Il est aussi possible de financer des création qui ne sont pas encore réalisées.

    Bonne continuation,

    Librement,

    Camille.

  6. Paul Auteur de l’article

    Oups j’avais raté ce commentaire ! Merci à toi de passer par ici et de laisser un commentaire – je corriger l’article pour qu’il dise encore un peu moins de bêtises (décidément je sais plus prendre de notes :/)

Les commentaires sont fermés.